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Document mis en ligne le 19 février 2011
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La Belgique est-elle un laboratoire du futur des États Nation ? Le néo-régionalisme, manifesté notamment en Flandres (mais qui gagne de plus en plus les francophones) porte-t-il un processus de destruction de l’État Nation ? Quels sont les modèles politiques de « remplacement » ? Comment peuvent évoluer, dans ce processus d’évidement de l’État Nation les dispositifs d’assurance (retraites, sécurité sociale, assurance chômage), les dispositifs de redistribution entre territoires et les réseaux d’infrastructure, héritiers de l’État unitaire ?


Programme de l’année 2009
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Dire que la Belgique n’a pas de gouvernement serait une erreur : la Belgique a son gouvernement des affaires courantes, c’est-à-dire l’ancien gouvernement, et peut prendre des décisions lourdes de conséquences, comme elle l’a fait pour se joindre aux forces armées intervenant en Libye. Mais la Belgique est un État-nation qui s’évapore…

Histoire, première manière

L’histoire de la Belgique peut être racontée comme une lutte entre des communautés linguistiques. Créée en 1830 après le Congrès de Vienne, la Belgique est encore jeune. C’est sur le modèle français qu’elle se crée, en réaction à l’Occupation. On décèle alors une volonté d’homogénéisation du pays par la langue, mais le côté néerlandophone développe une réaction identitaire : on soupçonne des problèmes à venir de traitement équitable, par exemple dans le domaine de la justice. Pendant la première guerre mondiale, on voit les soldats flamands commandés par des officiers francophones. Dans l’entre-deux-guerres s’affirme le nationalisme flamand. En 1932 est affirmée la territorialité linguistique en renonçant, sauf à Bruxelles, au bilinguisme, et on procède à des recensements. Pendant la seconde guerre mondiale, la collaboration avec l’occupant est plus marquée dans le nord du pays. 1962, fin des recensements, on fixe des frontières linguistiques qui séparent quatre régions. Survient « l’affaire de Louvain » : l’université de Louvain, bilingue, veut exclure les francophones, ce qui amène à créer l’université de Louvain-la-Neuve au sud de Bruxelles. La Flandre devenue homogène, la séparation entre nord et sud est consommée. En 1970 sont instituées les « communautés culturelles », avec gouvernements, parlements et compétences exclusives. Trois régions gèrent directement l’enseignement, l’aide à la jeunesse. Bruxelles compte 85 % de francophones, et les fonctionnaires européens et les immigrés sont plus proches du français.

Histoire, seconde manière

On pourrait lire l’histoire autrement, sous l’angle économique et social : au XIXe siècle, la Belgique se dote d’un important dispositif productif, qui décline à partir de 1912. Jules Destrées écrit sa Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre, où il déclare : « laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : « Il n’y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands. » Puis se pose la « question royale » : le roi, parti pendant la guerre, doit-il revenir ? Référendum, manifestations : le roi revient, et abdique immédiatement au profit de Baudouin. Le clivage nord-sud s’accentue. En 1960, le Congo belge devient indépendant. Pour compenser cette « perte », un plan d’austérité est mis en place : la réaction syndicale est très forte, les villes de la sidérurgie se mobilisent, les heurts sont violents : on relève quelques morts dans la rue. En 1980, les Wallons obtiennent ce qu’ils réclamaient, à savoir trois Régions, qui ne se superposent pas aux communautés culturelles, et Bruxelles reste à part. Les Régions bénéficient de compétences exclusives en matière de développement du territoire. En 1989, Bruxelles est reconnue comme région capitale regroupant dix-neuf communes. En 1993 la Belgique devient officiellement un État fédéral, avec un premier ministre « asexué linguistique », des communautés disposant d’un parlement, d’un gouvernement, de compétences en matière d’éducation, de culture, de médias. Les Régions sont considérées comme des outils de développement économique. Toutes ces entités exigent une diplomatie subtile.

Enlisement et crises

Depuis 1993, le système fonctionnait. Les compétences des Régions amenaient à des différenciations conséquentes. Le roi, même affaibli, était là. Bruxelles s’affirmait comme un fait et croyait en son propre projet, le projet wallon venait à maturité. Les enjeux sociaux et économiques s’internationalisaient…
En 2007 le parti social chrétien remporte les élections, les réformes s’enlisent, les francophones disent non à tout. Arrive la crise financière, il faut sauver les banques. Et revoter. Le parti social chrétien perd des voix, la Nouvelle alliance flamande devient le premier parti, celui qui donne le ton, tandis que l’institution royale s’essouffle, que Bruxelles est remise en question. L’économie wallonne se redresse, mais les positions se radicalisent.

Des modèles et leurs conséquences

Plusieurs logiques et plusieurs modèles sont envisageables :
– l’hyperfédéralisme, avec deux communautés, qui a la faveur des Flamands.
– le fédéralisme rééquilibré, ou une Belgique à trois ou quatre voix.
– l’indépendance de la Flandre… mais quel plan B pour la Wallonnie ? Avec ou sans Bruxelles ? Rattachée à la France (ce que demande le mouvement rattachiste), mais la France le veut-elle ?
Resterait la question de Bruxelles, qui produit le plus de richesses, avec peu de retombées pour la population. Plusieurs propositions ont été faites : tracer dans la forêt de Soignes un couloir vert faisant le lien entre Bruxelles et la Wallonie, échanger des communes…
Avant 1980, l’État central finançait les infrastructures, ce qu’il ne fait plus (sauf le rail). La SNCB est nationale, mais investit plus dans les Flandres depuis quarante ans, pour des raisons économiques. Le RER de Bruxelles, pour un million d’habitants, transporte six cent mille personnes. Le réseau routier, lui, est régionalisé. Les autoroutes sont financées par une vignette. Mais, dès lors que l’on négocie sur une base démographique, la discussion est difficile (le sud est peu dense). Tout ce qui concerne la redistribution relève de l’État fédéral. La situation désormais présente tellement de nœuds que les Belges pensent ne plus pouvoir s’entendre.