La « troisième Italie » ? Il en existe donc une première, et une deuxième, alors même que l’unité italienne ne s’est faite qu’à la fin du XIXe siècle ? Ne pas confondre unité politique et unité économique.
Première Italie : l’Italie prospère de Milan, Gênes, Turin.
Deuxième Italie : celle, plus pauvre, des régions du sud, le Mezzogiorno.
La troisième Italie, objet de la mission d’études de l’Ihedate, c’est le nord-est du pays, les régions de Florence, Bologne, Venise, Trévise. Organisée en « districts », elle connaît un développement économique singulier, fondé sur les petites et moyennes entreprises, mettant en avant un savoir-faire local très spécialisé, évoquant à la fois tradition familiale, solidarités territoriales, (grande) culture des lieux et longue histoire.
Pourtant, les belles étoffes florentines fabriquées à Prato sont passées aux mains d’entrepreneurs chinois arrivés tout d’abord en « clandestins » - avec leur propre culture et leur propre histoire - mais qui se sont progressivement substitués aux entrepreneurs italiens. Le spécialiste de la chaussure de sport, Lotto, est solidement implanté à Montebelluno, district de la chaussure de sport. La commune propose même la visite d’un musée spécialisé ! En 1999, elle encore abritait 622 entreprises de chaussures, dont 427 familiales (source:l’Usine nouvelle). Mais Lotto diversifie désormais les lieux de production : Hongrie, Ukraine, Roumanie, mais aussi Chine, Vietnam, Thaïlande...
A l’issue des rencontres, visites et débats de la semaine, Giuseppe Bettoni - professeur de géographie politique à l’université Tor Vergata de Rome et à l’École supérieure de l’économie et des finances - commence par donner lecture de deux textes d’écrivains italiens. L’un, de 2005, décrit une sorte d’apocalypse urbaine aux alentours des grandes villes : pollution, embouteillages, fermetures d’usines et zones industrielles en jachère ; l’autre, en 2014, affirme : « le nord-est est mort ».
Mort ? Sans doute pas : en profonde transformation.