Le premier séminaire de l’Ihedate s’est inscrit dans un moment singulier, un moment troublé où l’on voit émerger de nouvelles et graves questions.
Danièle Hervieu-Léger, sociologue des religions, a tenu en haleine son public, sur le thème du « pèlerin » et du « converti ». Concluant son intervention par quelques minutes captivantes de « pensée en acte ». S’il n’appartient pas au (à la) sociologue des religions de fournir des solutions aux problèmes qui surgissent, il lui appartient d’élaborer (« bricoler », dit modestement Danièle Hervieu-Léger) des outils de pensée, des dispositifs analytiques à même d’éclairer des situations inédites ou qui apparaissent comme telles.
Identité religieuse, laïcité : Danièle Hervieu-Léger propose une vision de l’identité religieuse en cinq étapes : l’identité personnelle subjective, proche de l’opinion, mais qui ne peut éviter de s’affilier, de se référer à une lignée croyante. Il ne s’agit plus alors d’une opinion, mais d’un rapport au monde. Que cette identité devienne minoritaire, et elle voudra devenir visible, ostensible, puis opposable, revendiquant sa particularité : « La gestion sociale des particularismes devient difficile ». Identité opposable qu’un petit noyau transformera en identité impériale. Ce qui vaut pour toutes les religions, et invite la laïcité à la française à repenser son « rêve » de désamorcer la puissance sociale des religions.