Un système de mobilité soutenable et efficace n’a pas de prix… mais il a un coût ! La dépense totale de transport en France s’élève à 520 milliards d’euros en 2023 d’après le dernier bilan des transports. Ce montant n’est pas près de baisser à court terme si on veut relever les défis de la décarbonation, de l’adaptation de nos réseaux aux dérèglements climatiques, ou simplement la maintenance des infrastructures existantes, nécessaire pour assurer la sécurité, la fiabilité et la qualité du service.
Et nous faisons face à un effet ciseau : les besoins de financement augmentent au moment même où de grandes incertitudes pèsent sur les recettes. La dérive de la dette réduit les marges de manoeuvre de l’Etat, et par ricochet des collectivités publiques qui dépendent de ses dotations. Des recettes fiscales essentielles pour les transports, comme la TICPE, devraient progressivement se tarir. La contribution des ménages, qu’ils soient automobilistes ou usagers des transports en commun, se heurte aux contraintes de pouvoir d’achat et au sentiment d’injustice de tous ceux qui sont captifs de tel ou tel mode de transport.
Désormais, le débat ne porte plus sur les objectifs de réduction des émissions carbone ou la nécessité d’adapter nos systèmes aux effets du changement climatique, mais sur la répartition de l’effort pour y faire face. Qui va payer l’addition dans un contexte où les enjeux de mobilité sont socialement inflammables ? Quelle serait la juste répartition entre les entreprises, les usagers, les contribuables ou les générations futures par le recours à la dette ? Où trouver de nouvelles ressources ? Comment faire des choix ? Et qui paiera les coûts de la non-action si nous ne parvenons pas à avancer ?
La dimension financière ouvre donc un vaste champ de questionnements sur les dépenses de mobilité des usagers, les coûts supportés par la société, les solutions pertinentes – au regard de critères économiques, sociaux et écologiques – pour chaque type de territoires, l’avenir des grands projets, les nouvelles ressources, la gouvernance et finalement la justice sociale et territoriale.
L’année 2026, marquée par les élections municipales et le lancement des débats pour les présidentielles de 2027, est un moment privilégié pour aborder ces enjeux. Ce sera également l’occasion de tirer les enseignements de la Conférence de financement des mobilités et de poursuivre les réflexions sur la fin des concessions autoroutières historiques qui supposent de repenser la gestion, les modes de tarification et les
mécanismes de partage de la ressource générée par les usagers des autoroutes.
Pour explorer ces enjeux, nous ferons appel à des experts, chercheurs et acteurs de terrain de premier plan. Nous chercherons également à valoriser la diversité des points de vue et des expériences apportés par les auditrices et auditeurs, en constituant un lieu d’apprentissage collectif sur les modèles économiques des transports de demain.