La France est-elle un pays démocratique ? Que l’on regarde l’entreprise, le sort fait aux faibles dans nombre d’institutions, ou encore l’école, que représente la démocratie ? Sommes-nous dans une société de défiance ? Loïc Blondiaux dresse un réquisitoire sévère, pointant une absence totale de culture du débat dans notre pays.
Sans participation citoyenne, les citoyens deviennent des consommateurs d’eux-mêmes, sous l’injonction : « Soyez entrepreneurs de vous-mêmes ». Il s’agit alors, dans la logique de l’entreprise, de gagner quelque chose. « Gagnons plus » : voilà qui fonde la conscience collective, et éloigne encore plus de l’action collective.
A l’absence de culture du débat s’ajoute une culture de la fascination pour les positions d’autorité, l’incarnation, la personnalisation.
Les réticences à une participation réelle seraient-elles liées aux stratégies des acteurs ? Les élus ne mettent-ils pas en place des dispositifs dont ils souhaitent pouvoir garder le contrôle de A à Z ? La participation pourrait devenir une mise en danger, alors soit on la limite à des enjeux dérisoires, soit on la verrouille. La participation citoyenne en France se cantonne à l’évènementiel, de temps en temps. C’est tranquille et valorisant. On gère de petites choses, mais sur les enjeux structurants, pas de participation.
Les élections peuvent-elles, à elles seules, légitimer une démocratie ?
Loïc Blondiaux est professeur de science politique à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne où il dirige le parcours « ingénierie de la concertation » du master de science politique. Il préside le conseil scientifique du GIS « Démocratie et participation » depuis sa création et dirige la revue universitaire Participations. Ses travaux portent sur la théorie de la participation et les innovations démocratiques. Il a publié notamment La fabrique de l’opinion, Paris, Seuil, 1998 et Le Nouvel esprit de la démocratie, Paris, Seuil, 2008.