L’environnement a toujours été un facteur majeur de la distribution géographique des populations et il l’est de plus de plus sous l’effet du changement climatique. Ce facteur commence à se faire sentir dans l’augmentation de l’immigration vers l’Europe, même s’il est difficile d’isoler les « migrants climatiques » comme une catégorie distincte. Cependant, si l’attention médiatique se focalise sur les migrations internationales, celles-ci sont pour l’essentiel des migrations régionales. Et encore plus nombreuses sont les personnes qui migrent à l’intérieur de leur propre pays.
Plus que le nombre de migrants, le changement climatique transforme surtout les conditions de la migration : il risque d’entraîner davantage de migration forcée, mais aussi d’immobilité forcée, car migrer suppose des ressources. Les migrations climatiques constituent une forme d’adaptation, à accompagner plutôt qu’à entraver.
François Gemennespécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations est chercheur qualifié du FNRS à l’Université de Liège (Belgique), où il dirige l’Observatoire Hugo. Il est auteur principal pour le GIEC, et enseigne également les politiques du climat et les migrations internationales dans plusieurs universités, notamment à Sciences Po Paris et à la Sorbonne. Il est par ailleurs le co-directeur (avec Julia Tasse) de l’Observatoire Défense et Climat du ministère des Armées (France), établi à l’IRIS.
Il a publié ses travaux dans de nombreuses revues, dont Science et Global Environmental Change, et est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « L’écologie n’est pas un consensus » (Fayard 2022), « On a tous un ami noir » (Fayard 2020), « Géopolitique du climat » (Armand Colin, 2009 et 2015), ainsi que deux atlas : un Atlas des Migrations Environnementales avec D. Ionesco et D. Mokhnacheva (Presses de Sciences Po et Routledge 2016) et un Atlas de l’Anthropocène, avec A. Rankovic et l’Atelier de Cartographie de Sciences Po (Presses de Sciences Po 2019).