Un million cent cinq mille kilomètres de voiries. La France est la championne, parmi les grands pays d’Europe, en matière de densité du réseau routier rapportée à sa surface. Cette immense toile d’araignée forme la trame de l’aménagement du territoire français.
Outils de désenclavement, facilitateurs d’échanges, les rues et les axes routiers sont aussi générateurs d’externalités négatives par les circulations qu’ils accueillent aujourd’hui. Pollutions, consommation d’espace et de ressources, accidents, inactivité physique… et bien sûr émissions de gaz à effet de serre : le secteur des transports est responsable de 31 % des émissions nationales et celles-ci sont dues à 94 % au transport routier.
Pourtant, cet enjeu reste insuffisamment traité dans les débats publics. Parce que les acteurs institutionnels sont très focalisés sur l’offre de transport public, en particulier ferroviaire, alors que la route est incontournable pour les territoires les moins pourvus en solutions alternatives de mobilité. Parce que les compétences sont morcelées. Parce qu’entre les pouvoirs publics et les acteurs et usagers de la route, la confrontation l’emporte le plus souvent sur la concertation. De fait, la voirie est un espace politique à part entière qui génère des tensions, des Gilets Jaunes à la contestation des ZFE, en passant par les frictions quotidiennes liées au partage de l’espace public.
Mais si la route et ses usages sont au cœur des problèmes d’aujourd’hui, ils sont à n’en pas douter également au cœur des solutions pour demain. Quel partage de la voierie pour favoriser les cars express, le covoiturage et d’autres fonctionnalités ? Comment promouvoir des véhicules plus sobres tout en évitant certains déplacements ? Quelles adaptations des infrastructures au développement de l’électromobilité, de l’automatisation des véhicules, et au changement climatique ? Comment rendre les rues urbaines et périurbaines plus propices aux mobilités actives comme la marche et le vélo ? Comment traiter les hubs pour favoriser l’intermodalité ? Peut-on concilier voierie et protection de la biodiversité ? Quel est le potentiel des abords des routes ou des parkings en termes de production énergétique ? Quelle tarification de la route ? Peut-on imaginer la rétractation de certaines voiries ? Quelle gouvernance pour piloter et mettre en œuvre cette transition ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles nous tenterons de répondre, à l’intersection de l’infrastructure et des usages, du technique et du politique, des enjeux d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Nous nous appuierons sur l’apport d’experts et de chercheurs, le témoignage d’acteurs de terrain et sur la diversité des points de vue et des expériences apportés par les auditrices et auditeurs. Les solutions toutes faites n’existent pas : l’ambition de ce cycle est d’être un lieu d’apprentissage collectif pour des mobilités bas carbone et équitables.