La transition écologique a constitué, après la fiscalité, le deuxième sujet le plus présent dans le grand débat, alors même que les jeunes, les plus mobilisés sur ce thème, n’y ont guère participé. On ne risque pas de se tromper en prédisant que les questions du climat et de la biodiversité, devenues concrètement sensibles pour les gens, vont fortement monter dans l’agenda des politiques publiques locales. D’ores et déjà, les territoires fourmillent de projets autour de thématiques comme l’économie circulaire, les circuits courts de diverses natures (alimentaires, énergétiques), le métabolisme urbain et territorial. Une grande question se pose, à laquelle ce cycle essaiera de contribuer : c’est celle des échelles territoriales pertinentes d’analyse, de mise en débat, et de réponses aux défis environnementaux. Le local apparaît de plus en plus comme un échelon essentiel de prise de conscience et de mobilisation autour des sujets environnementaux. Mais les phénomènes physiques sous-jacents sont essentiellement globaux (climat, biodiversité) et les problèmes à traiter se laissent rarement enfermer dans les périmètres limités de la gestion territoriale (la pollution atmosphérique, par exemple, est une réalité multi-échelles qui déborde de loin les périmètres des plus grandes villes ; la gestion locale des déchets est fortement impactée par le revirement chinois sur l’accueil des déchets, etc.).
Autant que le recentrage sur le local, les défis urgents de la transition écologique devraient donc mobiliser les interdépendances entre territoires, et susciter des politiques coopératives, à l’échelle infranationale comme à l’échelle supranationale. Et ceci ne vaut pas seulement pour la dimension « technique » des problèmes, mais aussi pour la dimension sociale et politique : qui décide pour qui, qui paie pour qui, comment concilier efficacité et justice sociale, comment gérer les inévitables conflits suscités par le changement, comment s’appuyer sur des dynamiques sociales concrètes et pas seulement sur des visions d’expert ?
L’ Ihédate consacre son cycle 2020 à explorer cette question des échelles et des interdépendances, pour laquelle nous manquons de repères pratiques, mais aussi conceptuels. Une attention particulière sera portée à l’articulation des différents leviers de la transition : l’expertise scientifique (qui la produit, dans quelles conditions ?) ; la mise en débat (comment construire les choix dans un cadre démocratique ?) ; l’évolution des comportements et des pratiques de consommation (quels en sont les moteurs et les limites ?) ; les avancées technologiques (jusqu’où peut-on parier sur elles ?) ; les modèles économiques et bien sûr les modes d’action publique (comment articuler les régulations fiscales, réglementaires et normatives, les actions locales, les actions coopératives multi-locales ?).